Son ironie distante, sa subtilité et sa science de l'époque n'auraient pas suffi à Emmanuel de Waresquiel pour écrire cet étonnant portrait de Talleyrand s'il n'avait aussi dépouillé d'innombrables cartons d'archives qui lui ont livré des centaines d'informations inédites et d'éclairages nouveaux. Avec ses intuitions et son sens de la formule, par touches successives, il dresse du personnage le plus complexe et le plus ambigu de notre histoire, un portrait profondément humain, entièrement nouveau, cohérent et intelligible. Il fait revivre une figure d'une intelligence et d'une énergie exceptionnelles qui s'est montrée à la hauteur des secousses terribles auxquelles l'Europe a été soumise il y a deux siècles.
"Je suis né le 21 novembre 1957, pas loin du jour des morts. Je donne cette date une fois pour toutes. Elle servira de repère dans le désordre chronologique du récit qui va suivre, écrit à la billebaude, par petites touches, en forme de palimpseste heureux, et qui s'achève à peu près à la fin des années 1960. J'avais un peu plus de dix ans. A la lumière du présent, les terres de mon enfance m'apparaissent aussi exotiques et abandonnées que celles de Vanikoro, en mer de Corail, quand La Pérouse s'y était échoué sans qu'on le retrouve". Biographe connu et reconnu, essayiste de talent, chroniqueur du temps présent, Emmanuel de Waresquiel se penche ici sur son enfance et se fait l'historien de lui-même. Il évoque des lieux, des visages, des maisons, des paysages et excelle à restituer des univers engloutis. Elégant, poétique, tendre, secret, souvent drôle, ce livre est un conte sur l'enfance, le temps, l'exil, la mémoire et l'oubli.